Les mots pour comprendre la crise financière

Publié le par elhilali

  • Quand les experts décryptent la crise financière, des mots abscons débarquent: titrisation, hedge funds ou banque d’investissement. Petit lexique:

Agences de notation financière

Elles émettent des opinions régulières sur la capacité d’un emprunteur à faire face aux remboursements des dettes qu’il a contactées. Elles notent aussi bien les entreprises que les villes emprunteuses, les régions ou les Etats et donnent une information précieuse pour les actionnaires comme pour les investisseurs potentiels.

Il s’agit d’une activité très concentrée. Il n’y a que trois grandes agences de notation financière dans le monde : Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch.

Banque d'affaires ou banque d'investissement (en anglais, investment bank)

Après la crise de 1929 aux Etats-Unis, une loi a imposé de séparer les banques de détail (pour les particuliers et les PME) et les banques d'investissement.

Cette séparation est aujourd'hui à l'origine des graves difficultés de firmes américaines comme Lehman Brothers ou Merrill Lynch.

En effet, ces banques d'affaires dépendent exclusivement pour se refinancer du marché bancaire où elles empruntent aux autres établissements du même type, tandis que les banques de détail peuvent aussi transformer les dépôts des particuliers en crédits.

Bourse

Lieu où s’organise la confrontation de l’offre et de la demande de titres financiers. Elle donne aux entreprises privées et publiques ainsi qu’à l’Etat la possibilité de trouver des financements auprès des investisseurs privés et institutionnels. C’est ce qu’on appelle le marché primaire, celui des émissions de titres (actions ou obligations pour l’essentiel).

Mais pour être attirés sur ces marchés, les investisseurs doivent être assurés de pouvoir revendre les titres ainsi acquis: et c’est pourquoi il existe un marché dit secondaire, sur lequel s’échangent des titres déjà émis. Ces deux marchés ne sont plus physiquement installés nulle part; les transactions se font par ordinateurs, avec selon les cas des intermédiaires plus ou moins nombreux.

La Bourse reflète la situation économique, et influe sur celle-ci. Elle est un des plus importants modes de financement et de contrôle des entreprises.

Bulle financière

On peut définir une bulle comme une hausse très importante du prix d’un actif ou d’un ensemble d’actifs – financiers (actions, obligations), immobilier ou matières premières -, selon un processus continu et autonome. La hausse initiale entraîne des anticipations de hausses futures qui elle-même attire de nouveaux investisseurs sur les marchés. La hausse des prix se nourrit alors d’elle-même.

Cette hausse «irraisonnée» est ainsi progressivement déconnectée de l’état de l’économie réelle. Les rendements attendus des actifs sont basés alors essentiellement sur la plus-value de revente espérée.

La bulle financière est suivie le plus souvent d’un retournement des anticipations et d’une chute brutale des prix qui peut s’accompagner parfois d’une crise financière. Dernie exemple en date, en 2001avec la planète Internet qui a connu sa bulle spéculative aux répercussions majeures.

Comment expliquer ces épisodes de bulles ? Une bulle est due souvent à la combinaison de deux grands phénomènes. Le premier est une expansion des crédits à faible taux d’intérêt ; le second est une confiance généralisée dans les fondamentaux économiques (croissance potentielle soutenue par le plein emploi, une grosse productivité…) considérés, à tort ou à raison, comme favorables et durables, et qui constituent la base d’un mouvement de hausse des prix.

Il s’ensuit un mimétisme euphorique et collectif qui incite les acteurs économiques à acheter en suivant le plus grand nombre en espérant gagner rapidement et beaucoup. En définitive, en période de bulle, les investisseurs sous-estiment les risques et sur-estiment les rendements attendus.

CDS (Credit Default Swap)

Les CDS sont des instruments financiers assurant les investisseurs contre les défauts de paiement d’un émetteur d’obligation. Très exposé à ces CDS, l'AIG, le numéro 1 américain de l'assurance est au bord de la faillite.

Déflation

La déflation peut être définie comme le contraire de l’inflation, à savoir une situation de baisse générale et durable des prix. Ce phénomène a pour particularité d’être généralement auto-entretenu, à l’instar de l’inflation, dans la mesure où là aussi, les opérateurs économiques anticiperont la situation en baissant les prix des biens qu’ils vendent.

A ne pas confondre avec la désinflation, qui évoque une situation d’inflation dont le niveau se réduit.

La déflation est encore plus dangereuse que l’inflation et il est encore plus difficile d’y échapper. C’est pourquoi les autorités publiques (gouvernements et banques centrales) cherchent à la combattre avant même qu’elle apparaisse.

En effet si les consommateurs prévoient une baisse des prix ils reportent leurs achats. Et les producteurs font de même s'ils anticipent une baisse des matières premières et autres composants de leurs productions. La demande a tendance à devenir supérieure à l’offre, les prix baissent et les producteurs s’adaptent en réduisant leur production, ce qui a un effet sur l’emploi. Les revenus distribués diminuent, ce qui a pour effet de baisser la demande et d’entretenir un véritable cercle vicieux. Celui-ci sera encore aggravé par le fait que si les revenus des entreprises et des ménages diminuent, leurs dettes et les charges financières ne baissent pas avec les prix. Au contraire elles vont peser de plus en plus lourd.

Pour éviter de mettre le doigt dans l’engrenage, les banques centrales ne se fixent jamais l’objectif de zéro inflation. Par exemple la BCE vise à maintenir les taux d’inflation à un niveau inférieur à 2% à moyen terme.

Fed (Réserve fédérale [américaine], c'est-à-dire la banque centrale des Etats-Unis)

La banque centrale a pour mission de mettre en place la politique monétaire américaine. Tout comme la BCE (la banque centrale européenne), la FED est indépendante du pouvoir politique. Elle veille à la stabilité des prix, au plein emploi et doit faciliter la croissance américaine. Elle doit aussi réguler l’activité bancaire américaine et être préteur en dernier ressort pour les banques commerciales. La FED est composée de 12 Federal Reserve Bank situées dans les villes les plus importantes des Etats-Unis. Son directeur est Ben Bernanke.

Fonds souverains

Ces fonds d’investissement sont détenus ou contrôlés par des Etats. Ils sont devenus aujourd’hui une nouvelle catégorie d’acteurs de la globalisation financière à côté des fonds de pension, des fonds de capital investissement (« private equity funds ») ou des fonds de gestion alternative (« hedge funds »).

Hedge funds (ou fonds de gestion alternative)

Ce sont des fonds très spéculatifs. Leur spécialité: faire des profits rapides avec des paris très risqués sur les marchés. Les hedge funds ne jouent pas avec leur propre argent. Ils l'empruntent aux banques ou effectuent des placements pour des clients alléchés par la promesse de rendements élevés.

La crise actuelle aux Etats-Unis a commencé avec la fonte de deux d'entre eux, gérés par la banque Bear Stearns.

Inflation

Il s’agit d’une situation de hausse généralisée et durable des prix des biens et des services. Cette situation correspond à une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. En clair, avec la même somme d’argent, on peut acheter moins de choses qu’auparavant.

Des hausses de prix de certains biens et services se produisent constamment. Tant qu’elles sont plus ou moins compensées par des baisses de prix d’autres produits et services on ne parle pas d’inflation. C’est ce qui s’est passé ces dernières années dans la plupart des pays industrialisés. Pour qu’il y ait situation d’inflation, il faut une hausse du niveau général des prix. Dans cette situation, le phénomène aura tendance à s’auto-entretenir ou à s’accélérer. Un niveau trop élevé d’inflation est jugé négatif ou dangereux pour le pouvoir d’achat et pour la croissance économique.

Les banques centrales sont en règle générale chargées d’empêcher que l’inflation s’installe.

Pour certains, cette crainte est excessive. Ils pensent que l’inflation favorise les emprunteurs et va souvent de pair avec un certain niveau de croissance.

La plupart du temps, pour évaluer le taux d’inflation on utilise l'indice des prix à la consommation. Mais on regarde également l’indice des prix à la production. Le problème est que ces indicateurs n’intègrent pas l’évolution des prix des actifs financiers.

Leverage

Le «levier d'endettement» consiste à emprunter de grandes sommes d'argent pour augmenter les gains attendus des placements. S'il permet de multiplier les gains, il peut aussi multiplier les pertes si la tendance se retourne.

Marché interbancaire ou monétaire

Il permet aux banques de se prêter de l'argent entre elles. Il est régi par plusieurs taux, notamment le «libor» à Londres, les Fed Funds aux Etats-Unis et l'Euribor dans la zone euro.

Si les taux grimpent brusquement, c'est le signe d'une contraction du crédit et les banques centrales interviennent alors pour apporter des liquidités aux banques.

Récession

Dans un cycle économique, une récession est une phase de baisse de la croissance, autrement dit une diminution passagère de la production. Cette dernière connaît des phases de croissance plus forte, et d’autres plus faibles voire négatives (comme en 1993 en France, ou les deux derniers trimestres).

L’existence d’une telle alternance plus ou moins régulière se retrouve dans tous les pays industrialisés. Elle constitue ce que l’on appelle un cycle économique. Celui-ci présente en général quatre phases successives. Une phase d’essor appelée également expansion, une phase de retournement, une phase descendante de croissance plus ou moins ralentie voire négative et une phase de reprise.

Selon les cycles et les périodes économiques chaque phase peut être plus ou moins longue et de plus ou moins grande ampleur. Ainsi, les pays industrialisés ont connu ces dernières années une phase de croissance forte et longue (phase d’expansion de cinq ans environ de l’ordre de 5% par an).

De même pour les phases descendantes, qui peuvent ne correspondre qu’à une croissance ralentie ou à un recul de la production (croissance négative), et durer plus ou moins longtemps.

Sur le plan technique, une récession correspond à une phase descendante caractérisée par un recul de la production d’au moins deux trimestres.

Si le recul dure moins longtemps ou si la croissance reste positive on parle de ralentissement.

Si la diminution de la production est plus forte et plus durable, on parle de dépression.

 

Stagflation

Contraction de stagnation et d’inflation, cette expression désigne une situation économique combinant à la fois un ralentissement sensible du taux de croissance (souvent accompagné d’un fort taux de chômage) et un taux d’inflation élevé.

Pendant longtemps, on a pensé que les deux notions s’excluaient l’une l’autre et qu’on ne pouvait avoir de la croissance qu’en acceptant l’inflation. Et, inversement, que si on luttait contre la hausse des prix, on aurait une faible croissance.

L’expression de stagflation a été créée dans les années 1970 pour caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entrainé à la fois une accélération de l’inflation et un fort ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés.

La stagflation rend la tâche des politiques monétaires particulièrement complexes. L’inflation devrait amener la (ou les) banques centrales du ou des pays concernés à conduire une politique monétaire plus restrictive. Mais cela a toute chance d’avoir un impact négatif sur la croissance. Inversement si la banque centrale mène une politique monétaire expansionniste pour contrer le ralentissement de la croissance, cela peut alimenter l’inflation forte. En quelque sorte, la banque centrale est placée dans la situation d’un conducteur automobile qui doit conduire avec un pied sur l’accélérateur et un pied sur le frein.

Au début des années 1980, les Etats-Unis sont sortis de ce dilemme en menant pendant un certain temps une politique monétaire de taux d’intérêt élevés privilégiant la lutte contre l’inflation au prix de l’acceptation d’une récession.

 

Subprimes (dit aussi crédit subprime ou prêt hypothécaire à risque)

Prêts hypothécaires accordés aux foyers à la situation financière instable: ils ont permis à de nombreux Américains d'accéder à la propriété.

Tant que le marché se portait bien, un ménage en difficulté avait la possibilité de revendre son logement pour rembourser ses dettes. Mais lorsque le marché s'est retourné, cela n'a plus été le cas.

De plus, les prêts «subprime» étaient souvent à taux d'intérêt bas et fixes pendant les deux premières années avant de s'ajuster aux taux du marché sur le reste de la période d'emprunt, provoquant ainsi des difficultés de remboursement pour les emprunteurs à faibles revenus.

La crise s'est propagée au secteur financier par l'intermédiaire d'instruments financiers créés pour couvrir les risques des organismes de crédit «subprime». Ces derniers ont ainsi «revendu» leurs crédits sous forme de titres émis sur les marchés financiers. Lorsque les ménages ont été dans l'incapacité de rembourser leurs prêts, ces titres, très prisés des spéculateurs, se sont écroulés.

Taux directeur

C'est le principal outil des banques centrales pour la régulation de l'activité économique. Actuellement, le taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) est à 4,25%, celui de la Réserve fédérale (Fed) à 2%, celui de la Banque centrale du Japon est à 0,50%.

Titrisation

Cette technique financière est utilisée par les banques. Elles transforment les créances en produit de marché (obligations, par exemple).

Née aux Etats-Unis dans les années 70, cette technique a d’abord été utilisée par les banques pour consentir davantage de crédits. Plus tard, elle a permis aux banques de se débarrasser partiellement des mauvais risques.

Mais la crise des subprimes a mis en lumière les dérives de la titrisation, qui ne permet pas toujours d’avoir une vision claire de la situation des débiteurs (eux-mêmes mal identifiés) et des risques réellement pris.

Trésor

Terme employé pour désigner le ministère des Finances américain.

(Sources AFP, la Finance pour tous)

 

Publié dans sidibrahim

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Merci pour cet article
Répondre